Sondage : le RGPD, une réelle avancée ou une colossale erreur ?

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Sondage : le RGPD, une réelle avancée ou une colossale erreur ?

Comme tous, l’entrée en application le 25 mai dernier, du réglement européen de protection des données a marqué un tournant dans le traitement des données personnelles qui nous sont confiées. Même s’il est encore un peu tôt pour mesurer l’impact de cette « révolution », on peut s’interroger sur  la modification des habitudes de travail qu’il implique.

A cet effet, pour nourrir vos réflexions, nous reproduisons ci-dessous des extraits de l’article de Luc FERRY paru dans  le journal LE FIGARO .

Extraits :

Depuis le 25 mai dernier, un nouveau réglement européen de protection des données est entré en vigueur en Europe. Pour notre chroniqueur, ceci est «comme l’enfer, pavé de bonnes intentions autant que d’effets pervers».

De quoi il s’agit? Du «règlement général de protection des données» chargé, du moins à ce  que la bureaucratie européenne prétend, de protéger nos données personnelles en obligeant les entreprises qui les récoltent  à nous en informer, à préciser  les usages qu’elles en font, à nous permettre de les refuser et de garantir ainsi la vie privée des résidents européens partout dans le monde.  A priori, qui pourrait être contre? C’est justement là le piège, car ce RGPD, comme l’enfer, est pavé de bonnes intentions autant que d’effets pervers au plus haut point calamiteux.

Au premier abord, le citoyen ne peut qu’applaudir… sans rien comprendre toutefois aux véritables enjeux de cette catastrophe programmée. Car ce dispositif sera au final infiniment plus pénalisant pour les TPE-PME européennes que pour les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon NDLR) , qui disposent à l’année d’une armée  de juristes et de logiciels parfaitement aptes à nous arroser de messages les mettant en conformité avec le RGPD. Pour 99 % des utilisateurs de Google  et des principaux réseaux sociaux  (qui, notons-le déjà au passage,  sont tous américains!), les services rendus sont infiniment supérieurs à la protection de données dont ils n’ont  en vérité pas grand-chose à faire.

Pour l’usager de base, que Google connaisse son nom, son âge, sa profession ou son adresse IP est si indifférent qu’il  ne perdra pas trois minutes à lire le message écrit en caractères minuscules mettant son site de navigation favori en conformité avec la nouvelle usine à gaz concoctée par l’Europe. La position dominante des Gafa fait que quasiment personne ne renoncera à les utiliser quoi qu’ils fassent de nos données. On ajoutera qu’en toute hypothèse,  les géants du Net pourront toujours les pomper sans vergogne attendu qu’ils disposent de «portes de derrière» qu’ils pourront utiliser d’autant mieux que Trump a déjà pris un décret ouvrant une brèche dans ce RGPD qui devait servir l’Europe mais va s’avérer une formidable aubaine pour les Gafa.

Si nous voulons, nous Européens, éviter de devenir une colonie de l’est de la Chine et de la Silicon Valley,  il vaudrait mieux éviter de nous tirer en permanence des balles dans le pied

Ils ne pouvaient rêver meilleur coup de pouce pour eux et plus pesant boulet pour nous, cette réglementation étant chronophage et coûteuse pour nos TPE-PME qui devront le cas échéant faire appel à une entreprise spécialisée, voire à un emploi dédié pour se mettre et surtout rester en permanence dans les clous. Au passage, ce machin conçu et mis en place par une alliance de fonctionnaires anticapitalistes et de bureaucrates ignorant tout du monde de l’entreprise comme des enjeux cruciaux de la troisième révolution industrielle ajoutera un nouveau frein à l’innovation continentale, contribuant à accroître le retard déjà presque irréparable de la recherche européenne en matière d’intelligence artificielle (IA).

Si nous voulons, nous Européens, éviter de devenir une colonie de l’est de la Chine et de la Silicon Valley,  il vaudrait mieux éviter de nous tirer en permanence des balles dans le pied. On sait en effet que le principal facteur de progression de l’IA réside,  en dehors de la puissance des machines et des algorithmes, dans la quantité  de données qu’on leur fait avaler.  On essaie d’empêcher les données européennes de partir vers les USA, mais où sont les Gafa européens qui pourraient seuls éviter que ce ne soit  le cas? Nulle part!

Tant que nous n’aurons pas de Gafa européens, mettre des barrières ne servira à rien d’autre qu’à nous pénaliser nous-mêmes

Il faut donc être d’une naïveté insondable pour s’imaginer que les Gafa renonceront  à utiliser nos data, qui sont leur principale source de revenu. Au reste, les assistants domestiques de Google et autres géants du Net, les télévisions connectées et les nouveaux sites de rencontre de Facebook se chargeront de continuer à les collecter comme jamais.

A-t-on bien pris conscience, j’y insiste, que toutes ces firmes,  sans aucune exception notable, sont américaines? Tant que nous n’aurons pas de Gafa européens, mettre des barrières ne servira à rien d’autre qu’à nous pénaliser nous-mêmes en faisant plaisir à une poignée de moralistes indifférents au réel.

Alors que faire? Rien? Évidemment non, mais comme pour les «fake news», ce n’est certainement pas par la loi, surtout quand elle prend  la forme d’une véritable usine à gaz, qu’on y arrivera, mais d’abord  et avant tout en créant nos propres Gafa, ensuite par l’information dès  le collège sur les «fake news»  et l’usage des data. Il faut faire comprendre à nos enfants en quoi consistent exactement les risques  qu’ils prennent en naviguant  sur Facebook, YouTube, Snapchat, Messenger, Tweeter, Instagram et  les autres. Pour le quart d’heure, le seul effet réel du RGPD est de confirmer ce fait navrant qu’en effet les Américains ont les Gafa et nous, la Cnil.

Pour approfondir :

LE FIGARO : Luc FERRY

L’huissier de justice : un allié dans la protection des données

RGPD : le mois d’après

Par | 2018-09-14T14:37:21+02:00 13 septembre 2018|protection des données, RGPD|0 commentaire

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